Des thérapies et de l'hypnose : une nouvelle prise en charge psychologique

Des thérapies et de l'hypnose : une nouvelle prise en charge psychologique

les effets de la violence conjugale sur l'enfant à l'usage des gendarmes

 

 

 

ceci est le résumé d'une conférence que j'ai effectué à l'usage des gendarmes le 09/11/2011

 

 

Les effets de la violence conjugale sur l’enfant

 

Intervention du 09/11/2011

 

Je ne sais pas pourquoi je construit un texte pour mes interventions je ne m’y tiens jamais !

Pour les plus pressés je vais faire un condensé en fin de document pour résumer ce que j’ai dis ce qui vous évitera la lecture rébarbative du document complet !

 

La violence conjugale est une violence construite, pensée elle repose sur des justifications d’où elle tire sa légitimité ; elle s’inscrit dans un rapport de domination.

Elle vient ébranler la sécurité, la dignité, la liberté et l’intégrité dans une relation de couple qui à un moment a été satisfaisante, sécurisante.

Ces actes de violence vont conduire la victime de l’intimité à la déshumanisation.

L’homme violent construit  un milieu familial où règne l’imprévisibilité, la peur. Très vite l’isolement va arriver et enfermer sa famille dans la solitude, l’impuissance et la douleur.

Ses enfants n’auront la possibilité que de grandir dans une détresse

émotionnelle, avec un attachement fragile. Ils auront appris en regardant les interactions entre leurs parents : la méfiance, la frustration, la corruption et la terreur.

La violence conjugale n’est pas le conflit.

Un différent familial est un désaccord, c’est un événement qui nous met dans l’obligation de négocier, de dialoguer, de remettre en question des croyances, des actes qui, jusque là, nous semblaient évidents, justes. La violence conjugale, elle, évacue le conflit, elle empêche tout dialogue, toute parole.

Un conflit ne met pas en danger la sécurité intérieure d’un individu, sa capacité à faire face aux évènements banals de la vie (travailler, dormir, manger, penser, être en relation, assurer la routine, le quotidien).

La violence conjugale est une violence insensée, gratuite dont le seul but est de contrôler, dominer, voire de « nihiliser » l’autre. Il ne s’agit pas de l’acte commis en dehors de la raison. Il ne s’agit pas non plus ici d’actes commis par une personne qui présente une pathologie, une maladie mentale.

L’acte violent est un acte pensé, un acte justifié par l’auteur.

Cette violence instaure une rupture à l’intérieur de soi, une fissure.

La répétition et l’impact de ces agressions sur les victimes sont les éléments qui inscrivent la violence dans le corps et l’esprit.

Lorsque la violence conjugale est agie et répétée, elle s’appuie sur un référentiel qui lui donne raison.

L'exposition aux violences conjugales rentre dans le cadre des mauvais traitements psychologiques, d'autant plus que d'autres types y sont généralement associés :
- peur, menace : la violence conjugale fait vivre la terreur, l'intimidation (il crie tellement fort et il peut faire tant de mal)
- dénigrement
- négligence psychologique : indisponibilité de la figure parentale en souffrance, vidée de son énergie.
Ce sont des abus émotionnels qui constituent une forme de maltraitance.

Dans 70 à 85 % des cas de violences conjugales, l'enfant y est exposé.

Les violences conjugales, que les enfants y soient exposés de façon directe (témoins des scènes et/ou victime lui aussi) ou indirecte (témoins des marques physiques et de la détresse du parent victime), ont toujours un impact considérable sur eux. Même si les violences ne sont pas dirigées contre leur personne, elles constituent un réel traumatisme.

La violence affecte toutes les dimensions de la vie de l’enfant, elle touche son développement à court, moyen et long terme. Les risques se situent principalement pour l’enfant autour de :

 

1)La santé

Les enfants traumatisés par des violences conjugales présentent davantage de problèmes de santé : retard de croissance, allergies, troubles ORL et dermatologiques, maux de tête, maux de ventre, troubles du sommeil et de l'alimentation, et ils sont plus souvent victimes d'accidents (8 fois plus d'interventions chirurgicales) Les conséquences sont observables dès la naissance chez le nourrisson qui très souvent refuse catégoriquement de s’alimenter, pleure sans raison apparente ou, au contraire, ne manifeste aucune émotion de façon à se faire oublier. Les centres de protection maternelle infantile observent souvent un retard staturo-pondéral, des troubles de l’attention, mais aussi des retards au niveau du développement ainsi que des maladies chroniques répétées.

Souvent l'enfant ne montre pas son désarroi (50 à 60 % des enfants ne développent pas de symptômes) dans le but d'épargner à son parent un surcroît de soucis, mais dans tous les cas, il souffre de la situation et est terriblement fragilisé par l'angoisse qu'elle génère. L'enfant, même petit, ressent le stress de sa mère, ce qui influe sur la sécrétion de cortisol, hormone toxique quand elle est produite à long terme. Il est tout le temps dans une situation d'hypervigilance ce qui a un impact sur le développement des structures du cerveau.

2)L’apprentissage

L’enfant va expérimenter des modèles relationnels basés sur la corruption, la terreur, la servitude et la domination. Il aura une faible capacité à se projeter, l’enfant est dans l’immédiateté, dans la confusion. Le jeune va utiliser la violence comme un outil de gestion des frustrations. L’indifférence et l’émoussement émotionnel vont lui servir face à la violence Lorsqu’il est plus âgé, l’enfant rencontre des difficultés scolaires. En classe, il a du mal à rester concentré et attentif. Il refuse de faire son travail scolaire le soir ou en retarde sans cesse l’heure. Il rencontre aussi des difficultés pour retenir les leçons et réaliser les exercices. Ce manque général d’intérêt pour les apprentissages va l’amener à rencontrer des difficultés scolaires aussi bien observables au niveau des notes que de son comportement. . Ils présentent fréquemment des troubles de l'adaptation : phobies scolaires, angoisse de séparation, hyperactivité, irritabilité, difficultés d'apprentissage, et des troubles de la concentration. Ils présentent fréquemment aussi des troubles du comportement, 10 à 17 fois plus que des enfants dans un foyer sans violence, dont des comportements agressifs vis à vis des autres enfants, (50% des jeunes délinquants ont vécu dans un milieu familial violent dans l'enfance).

Ces enfants ont en effet du mal à établir des relations interpersonnelles significatives avec leur entourage, que ce soit avec les professeurs, les membres de leur famille ou les pairs. Ils peuvent être considérés comme étant hyperactifs par les professeurs de par leur comportement en classe. Face à l’adulte, l’enfant adopte aussi bien des comportements de séduction, que de manipulation ou d’opposition. Les problèmes comportementaux se manifestent également dans l’interaction avec leurs camarades (Fortin, 2005). Ils ont en effet tendance à se replier sur eux-mêmes, à s’isoler en refusant de s’ouvrir aux autres et faire confiance. De plus, ils réagissent en général de manière impulsive et vont résoudre leurs problèmes par de la violence ou de l’agressivité, ce qui amène les autres enfants à s’éloigner d’eux.

 

3)Au niveau des soins

L’enfant est exposé à une négligence importante de ses besoins primaires, de sa santé physique, mentale et affective.

Un enfant in utero, un bébé, un ado, un enfant à la santé fragile, ne vit pas la violence de la même manière. Le moment de l’apparition de la violence dans l’histoire de l’enfant aura également un impact sur l’enfant.

Son environnement familial est gravement perturbé. Dans ce contexte, ses deux parents, qui devraient être des soutiens indéfectibles, se révèlent incapables d'être des piliers sur lesquels il peut s'appuyer. Il ne trouve plus la sécurité dont il a besoin et pas non plus d'exemples valables pour se construire. En plus, il est obligé de se soumettre à l'autorité d'un adulte qu'il ne peut pas, dans ces conditions, respecter, qui, en imposant sa loi personnelle par la violence, transgresse la loi sociale. Les violences conjugales ont des conséquences directes et indirectes sur le développement de l’enfant. Directes parce que la mère qui les subit est perturbée, moins disponible pour l’enfant, ce qui entraîne parfois des carences affectives, voire des négligences éducatives. Il arrive aussi que l’enfant soit utilisé comme « bouclier » par le parent agressé pour se protéger et par le parent agresseur pour provoquer. Des conséquences indirectes : l’enfant se trouve contraint de choisir entre ses deux parents, situation insupportable puisqu’il les aime tous les deux. De plus, la violence arrive soudainement, entraînant stress et insécurité chez l’enfant qui devient méfiant vis-à-vis des adultes et de ses propres sentiments. L’amour lui est présenté de manière passionnelle et contradictoire - des coups suivis de réconciliations -, cette situation paroxystique lui donne l’impression que contrôler ses sentiments est impossible. Il peut adopter au fil du temps une attitude de froideur, de retrait dans sa vie familiale et sociale à moins de devenir lui-même auteur de violences.

Il est clair que les situations de stress important ont un impact sur les capacités de perceptions parentales. Certaines mères victimes de violences ont un maternage, un style parental extrêmement variable. Elles prennent soin en passant de la présence à l’indifférence ou la colère suivant le climat dans lequel elles baignent.

 

     4 ) au niveau éducatif

 

Les enfants témoins de violences conjugales sont beaucoup plus actifs que les autres. Ce sont aussi des enfants qui ne connaissent pas la frustration. » Explication : l'auteur des violences conjugales ne supportant pas les enfants capricieux, la victime (dans la majorité
des cas la mère) essaie à tout prix d'éviter les situations de conflit... Et accède rapidement à la moindre demande de l'enfant.

Les questions éducatives entraînent de nombreux conflits (repas, couchage, télé…). Chaque parent, à travers les règles éducatives, défend sa culture familiale. Il s’ensuit un conflit conjugal qui peut conduire à la violence pour imposer ses règles éducatives ou religieuses. L’entrée de l’enfant dans l’adolescence est aussi un moment qui fragilise le couple, réactive des conflits anciens notamment autour de la sexualité naissante de l’adolescent. Enfin la violence peut surgir lorsque l’un des conjoints s’émancipe, mettant en péril l’équilibre du couple, surtout s’il était auparavant sous l’emprise du partenaire. Le conflit est normal au sein d’un couple sans pour autant qu’il y ait violence physique ou psychologique. Lorsqu’il y a volonté de détruire l’autre et refus de l’altérité, alors il y a urgence à régler le problème. Les adultes qui se retrouvent dans un schéma de violence conjugale ont souvent été témoins de violence – agie ou verbale - chez leurs propres parents pendant leur enfance.

 

5)Au niveau affectif

il apparaît que ces enfants sont souvent tristes, anxieux, dépressifs, ont une faible estime d’eux-mêmes. Ils possèdent également des relations d’attachements insécurisées  à l’origine de certaines craintes et peurs face au monde qui les entoure, qui apparaissent souvent disproportionnées. L’enfant perçoit sa famille comme étant divisée entre l’abuseur contrôlant et cruel, habituellement le père, et la victime, souffrante et sans ressources, souvent la mère. Il peut conclure que le monde dans lequel il évolue est un lieu dangereux et terrorisant, l’amenant à une extrême méfiance et de l’hypervigilance. Certains dilemmes affectifs peuvent aussi être vécus par le fait qu’il se retrouve constamment déchiré entre ses deux parents, l’amenant à vivre de véritables conflits de loyauté. L’enfant est en effet amené à éprouver des sentiments contradictoires vis-à-vis de ses parents alternant entre l’amour et la haine, l’attachement et le détachement, la proximité et le rejet à l’égard de l’un ou l’autre des parents. La tension est permanente, la confusion aussi. D'une part, les accès violents sont imprévisibles et d'autre part, l'enfant éprouve des sentiments contradictoires pour l'auteur et pour la victime. A la fois, il aime son père et à la fois, il lui en veut de faire du mal à sa mère. A la fois, il ressent de la compassion pour elle et à la fois, il lui en veut de ne rien faire pour sortir de cet enfer. La violence conjugale corrompt l'enfant car elle le confronte à un modèle relationnel inadapté. Son profond malaise peut se manifester par des problèmes de comportement, de difficultés d'apprentissage, des troubles psychosomatiques (maux de tête, de ventre, etc.), de l'isolement et des difficultés d'intégration sociale.

L'enfant peut se sentir responsable du déclenchement des scènes, soit parce qu'il n'a pas obéi assez vite, qu'il a contrarié son parent par ses résultats scolaires, une maladresse, etc. Ce ne sont que des prétextes aux explosions mais il porte le poids de la faute sur ses épaules et également une mission de sauvegarde du parent victime. Il est animé du fantasme qu'en son absence le pire peut arriver. Il garde le silence vis-à-vis de l'extérieur de crainte que ses révélations ne conduisent son père en prison, que sa mère soit sans le sous et qu'il soit confié à l'aide sociale à l'enfance... Parler peut être en quelque sorte équivalent de faillir à la loyauté familiale. Ces responsabilités l'empêchent de vivre sa vie d'enfant.

Lorsque sa mère a décidé de rompre, sa décision de partir est fréquemment prise dans l'urgence. L'enfant subit le départ. Même si longtemps il a espéré cette issue, néanmoins il n'en avait pas mesuré toutes les conséquences pour lui : quitter son logement, abandonner ses jouets, changer d'école parfois, perdre ses copains de classe, affronter un autre environnement de vie... Il y a la vie d'avant et la vie d'après, quelquefois très différente et qui peut prendre plusieurs mois pour se mettre en place. Ce n'est pas facile de vivre dans un foyer d'accueil pour femmes battues, de ne pas avoir sa chambre à soi, de ne pas savoir où tout cela va les mener, lui, sa mère et ses frères et ses sœurs... Ils vivent une sorte d'exil. L'anxiété de sa mère est palpable, il peut se sentir coupable de l'avoir influencée, incitée à quitter son père, d'avoir attiré ses fougues sur lui et précipité ainsi les choses. S'il n'avait pas provoqué la colère du père, elle n'aurait pas eu besoin de partir pour le protéger... L'enfant est en même temps soulagé qu'ils ne soient plus à la merci du père et angoissé par l'avenir. Que vont-ils devenir ? Ce questionnement, qui n'est pas de son âge, le hante.

Les parents constituent les piliers qui permettent à l’enfant de se construire, il s’identifie autant à sa mère qu’à son père et surtout à la relation qui existe entre ses parents. Si l’un des deux – la violence peut venir du père comme de la mère – est en position de faiblesse, cette construction identificatoire est fragilisée et l’enfant aura une mauvaise image de lui-même. Voir un parent disqualifier son conjoint est traumatisant, l’enfant peut mépriser le parent humilié ou a contrario vouloir le consoler, réparer les blessures infligées. La violence entre ses parents peut aussi le culpabiliser car plus l’enfant est jeune, plus il croit que le monde tourne autour de lui. Il se pense alors responsable de la violence conjugale, persuadé de ne pas être l’enfant dont ses parents rêvaient. Il se considère comme « mauvais », se met en situation d’échec, a des troubles du comportement ou encore attire les foudres du parent violent sur lui pour protéger celui qui est agressé. Se considérant comme « mauvais », il estime que c’est lui qui mérite d’être puni. Enfin, il peut aussi agresser ses frères et sœurs ou ses camarades d’école, justifiant ainsi inconsciemment le parent violent : « Il n’est pas si méchant puisque je fais la même chose que lui ».

 Il est également possible d’assister à un renversement des rôles entre l’enfant et ses parents, ce que l’on appelle la « définition » (Earley & Cushway, 2002) ou la « parentification ». L’enfant assume alors certains rôles parentaux souvent peu appropriés à son âge et qui peuvent être à l’origine de lourdes conséquences sur son développement. Il joue ainsi un rôle de soignant, de confident ou de médiateur et va par exemple prendre en charge et protéger ses frères et sœurs, mais aussi, essayer de convaincre sa mère que l’attitude ou le comportement du père est inacceptable et qu’elle devrait le quitter.


Il est difficile d’avancer un chiffre précis puisque l’enfant, sans être témoin direct des violences conjugales, peut les entendre à travers une cloison et s’imprégner des tensions familiales, les absorbant comme une éponge. Malheureusement, il risque de reproduire la violence dans le couple qu’il constituera lorsqu’il sera adulte, en position de victime ou d’acteur. Ses parents ne lui donnant pas un modèle de couple capable de gérer le conflit par la parole, le compromis, la distanciation, il intériorise le système violence-amour comme indissociable.

Les conséquences

L'ensemble du développement de l'enfant est affecté à court, moyen et long terme.
-sa santé physique
- son développement cognitif (langage, performances scolaires), émotionnel et comportemental (comportements à risque, délinquance, comportements inappropriés)
- sa construction identitaire
- syndromes post-traumatiques : des cauchemars, une anxiété accrue, peurs, reviviscence, rumination (est-ce que maman va bien ? hypervigilance)
- repli sur soi
- une perturbation de sa capacité à entrer en relation au cours de sa vie d'adulte (atteinte de la confiance)
- des sentiments dissociatifs et des pensées obsédantes qui dénotent une mauvaise gestion des émotions
- des perturbations des relations intimes et risque accru de vivre également de la violence dans sa vie de couple.

On constate une différence de genre, c'est-à-dire que la souffrance ne s'exprime pas de la même manière chez les filles et chez les garçons. Chez les garçons, les problèmes sont externalisés avec un sentiment de menace et se manifestent par de la colère et de l'agressivité. Chez les filles, généralement, ils sont internalisés avec un sentiment de blâme (honte, culpabilité) et une tendance à s'attribuer la responsabilité du problème, à prendre la faute sur elle.

La plupart des enfants gardent secrètes les scènes dramatiques qu’ils observent chez eux. D’ailleurs, la violence n’est souvent jamais évoquée au sein de la famille, même si tous les membres la subissent directement ou indirectement. Suite à un épisode de violence, chacun des deux parents agit en général comme si de rien n’était, laissant souvent l’enfant en état de choc ou de stress, sans aucune explication. Ce dernier n’ose alors plus revenir sur les actes et scènes qu’il a pu voir ou entendre et vit avec ces images et souvenirs, sans pouvoir en parler, exprimer ses émotions ou encore être rassuré

La violence en fonction des âges

1)Le fœtus et le nouveau né

Les enfants subissent les violences conjugales souvent dès leur vie fœtale. Dans 40 % des cas les violences conjugales commencent pendant la grossesse et peuvent être plus graves pendant la grossesse pour 2 femmes sur 3 ; 4 fois plus de femmes signalent de très mauvais traitements pendant la grossesse (coups, menaces avec armes, agressions sexuelles). Les femmes qui subissent des violences conjugales ont un moins bon suivi de leur grossesse et plus de facteurs de risque (HTA, tabagisme, prise d'alcool)‏. Le fœtus se retrouve alors en danger, il est exposé à un stress physiologique important, avec des retentissements cardio-vasculaires et neurologiques, à un risque d'avortement (2 fois plus de fausses-couches chez les femmes victimes de violences conjugales), à une mort in utero par décollement placentaire ou rupture utérine, à une hémorragie fœto-maternelle, à un accouchement prématuré (37 % d'augmentation de risque), une souffrance néo-natale, à un petit poids de naissance (17 % d'augmentation de risque)‏.

Après la naissance le nouveau-né se retrouve doublement en danger , directement par la violence du père qui peut s'abattre sur lui (dans 3 cas sur 4 de violences conjugales), et indirectement par les violences que la mère continue à subir (dans 90 % des cas les violences conjugales continuent après l'accouchement) qui vont retentir sur les soins donnés à l'enfant et sur le lien mère-enfant, et être traumatisantes pour l'enfant. En effet le nouveau-né est très sensible aux effets de la violence qui l'entoure et il va développer d'importants troubles psychotraumatiques qui risquent de le mettre encore plus en danger : les pleurs continuels, les troubles importants du sommeil et de l'alimentation, le retard de développement psycho-moteurs peuvent être des facteurs de risque supplémentaires de maltraitance (bébé secoué, étouffement, etc.).

 

2)Les enfants

 

Les violences portent atteinte

-     Aux compétences et au développement de l’enfant (attention, sociabilité, entrain, expression verbale)

-     Aux compétences parentales (parentalité engagée, respect de l’autonomie, cohérence, centration sur l’enfant, prévisibilité)

 

A la différence de l’adulte, victime de torture par un tiers, l’enfant exposé à la violence que subit son parent peut difficilement garder une « distance affective et psychologique qui le protège du risque de perte d’identité.

La détresse de l’enfant augmente lorsque

-     la fonction parentale est exercée de manière incohérente

-     le passage d’un minimum d’autorité par culpabilité ou angoisse à l’autorité par colère.

Il y a un idéal familial, et on a le sentiment que l’on  va être protégé par cet idéal familial. Le bien être de la famille repose sur le consentement de tous et donc de chacun au sacrifice de sa vie.

La difficulté d’agir est liée aux processus d’adaptation, de survie avec comme conséquences :

-     internalisation : les coups et les humiliations imprègnent durablement le corps et l’esprit

-     dissociation : ne pas être concerné en tant que sujet par la violence qu’on subit

-     autodestruction : volonté qui nait de l’impuissance, du sentiment de destruction de perte absolue

-     confusion

-     difficulté à garder une distance, la personne qui use de violence est aussi celle avec qui on partage sa vie

-     perte d’identité :  ne plus croire en ses perceptions, ses valeurs, ses croyances

 

il y a des traumatismes et une augmentation des risques en fonction du contexte de normalité dans lequel s'inscrivent ces agressions. Une normalité qui s'explique par l'absence d'émotion - apparente - de la mère qui cache sa peur dans les situations de violences, que l'enfant (surtout lorsqu'il est âgé de 7 à 10 ans) interprétera comme normales : « Si elle a renversé le thé, c'est qu'elle est bonne à rien, et si elle est bonne à rien, elle mérite ce qu'elle subit. »

L’exposition aux violences familiales est très souvent vécue sous le mode du secret, l’enfant étant de surcroît écartelé entre des conflits de loyauté à l’égard de la victime et de l’agresseur. Il vit dans un climat tel de tension, de domination, qu’il est dans la crainte, la terreur, quasi permanentes de leur survenue, concrète ou fantasmée.

Il n’est pas rare qu’il vive cette situation de violence à l’égard de l’un des membres de la famille sous le mode de la culpabilité, voire même de la responsabilité lorsqu’il s’agit, notamment, du parent victimisé. Plus gravement encore, il peut faire l’objet d’instrumentalisations sournoises et insidieuses de la part de l’agresseur et participer lui-même à la dévalorisation de la victime, sinon à sa victimisation directe lorsqu’elle est identifiée comme fautive de la séparation des parents, ou de l’incarcération du père par exemple.

 

Les violences conjugales sont à l'origine d'importants traumatismes sur les enfants qui en sont témoins et qui les subissent. Lors de violences conjugales, les enfants vont grandir dans un climat de grande insécurité et de terreur et vont être témoins, ou victimes directes de ces violences qui peuvent s’abattre sur eux en même temps. La majorité (près de 60 %) de ces enfants, s'ils ne sont pas efficacement protégés et pris en charge, développeront des conséquences psychotraumatiques graves et durables sur leur santé physique et psychique avec une grave souffrance mentale, des retentissements sur leur développement psycho-moteur, leur scolarisation, leur socialisation et leur vie affective à long terme ; ils auront un risque d'être à nouveau victime de violences tout au long de leur vie, et un risque également important de présenter des conduites agressives, des conduites à risque, des conduites délinquantes et des troubles psychiatriques à l'âge adulte (Rossman, 2001). 40 à 60 % d'hommes violents avec leurs partenaires ont été témoins de violences conjugales dans l'enfance.

L'enfant grandit alors dans un climat d'insécurité, et développe une grande détresse face aux violences, face à son incompréhension et son impuissance, face à la menace de voir mourir un de ses parents, de mourir lui-même, ou d'être abandonné. L'enfant est d'autant plus exposé à des conséquences psychotraumatiques que les violences conjugales ont commencé très tôt, qu'il est l'aîné ou qu'il est enfant unique, que les violences sont graves et fréquentes, que l'enfant s'interpose et subit des violences directes. L'enfant va être d'autant moins exposé à des conséquences psychotraumatiques que sa mère (ou le parent victime) a des comportements de soutien et de compréhension face à sa souffrance et qu'elle est chaleureuse avec lui (qu'elle puisse parler avec l'enfant, le rassurer) et qu'elle lui donne des repères. Une bonne estime de soi et de bonnes compétences sont un facteur de protection (importance du rôle de l'école)

 Il peut arriver qu’une femme battue ressente de l’agressivité envers son fils qui représente pour elle l’image du conjoint. Exerçant un déplacement, elle sera alors violente avec l’enfant. Mais la mère peut aussi attendre qu’il la console et la comble affectivement. L’empêchant de prendre son autonomie, elle constitue de manière indirecte une violence faite à la liberté de l’enfant contraint de rester auprès de sa mère déprimée.

Certains sont gravement traumatisés par ce qu’ils ont vécu et développent un syndrome de stress post-traumatique (Chemtob & Carlson, 2004). Ils ne parviennent pas à assimiler leurs expériences de violence et vont rester hantés par les souvenirs, les sentiments et les pensées sans parvenir à les oublier, ces derniers pouvant même ressurgir dans les cauchemars que fait l’enfant.

 Un syndrome de stress post traumatique et/ou une diversité d'effets négatifs affectent tant le développement de l’enfant (fonctionnement cognitif et émotionnel perturbés, santé dégradée), que ses conduites, l’enfant manifestant des « problèmes extériorisés » (dont l'agressivité et l'usage de la violence) ou « intériorisés » (dont la dépression et la propension à être victime).

 

 

Des études américaines disent que l’exposition aux violences conjugales augmente pour les filles les risques d’abus sexuel. Les petites filles semblent plus exprimer un vécu d’humiliation et de négligence. Les garçons sont, eux, plus exposés  la violence physique, la menace directe est plus perceptible pour eux.

 

 

 

L’impact sur les adolescents

Lorsqu’ils sont petits et qu’ils rencontrent peu d’autres modèles familiaux, les enfants exposés aux violences conjugales ont le sentiment que la violence est normale.

L’environnement déstructuré et sans repère stable dans lequel ils ont grandi leur paraissait  insécurisant

Les enfants qui sont plus souvent à la maison, qui ne sont pas sociabilisés sont plus à risque.

Les troubles psychotraumatiques peuvent représenter pour ces enfants un risque vital, particulièrement à l'adolescence avec une augmentation du risque d'avoir un accident mortel et une augmentation importante du risque suicidaire (x 20). À l’adolescence, comparativement aux enfants non exposés à la violence conjugale, ces enfants pratiquent plus l’école buissonnière et ont tendance à fuguer. Ils ont également aussi plus de conduites addictives (drogues, alcool). De même, ils ont été marqués durant leur enfance par des apprentissages erronés sur le rôle des femmes et des hommes dans les relations intimes qui vont augmenter le risque de reproduction intergénérationnelle de la violence dans les futures relations amoureuses ou conjugales. Ainsi, les garçons ayant été exposés à la violence conjugale agissent violemment envers leurs petites amies, alors que les filles ont des risques d’être à leur tour victimisées dans leur future relation conjugale (Rosenbaum & Leisring, 2003

 

A l’âge adulte

Les enfants traumatisés par des violences conjugales peuvent présenter à l'âge adulte  une augmentation :

  • du risque d'être à nouveau victimes de violences tout au long de la vie
  • du risque de présenter des conduites agressives
  • du risque de présenter des conduites à risque

du risque de présenter des conduites délinquantes et des troubles psychiatriques (40 à 60 % d'hommes violents avec leur partenaires ont été témoins de violence conjugale dans l'enfance). A l’âge adulte, ces enfants exposés ont un moins bon fonctionnement social et psychologique et présentent un risque de reproduire les comportements violents, que ce soit dans la position d’auteur ou de victime.

 

Bien sûr, ces conséquences ne sont pas une fatalité, mais dans tous les cas, une prise en charge - individuelle ou collective - de l'enfant-témoin et donc victime ne peut être que bénéfique

 

Toutefois, en matière d’exposition aux violences conjugales comme en matière de maltraitance, le fatalisme n’est pas de mise. En effet, si l’exposition à la violence définit un facteur de risque significatif, les facteurs de protection existent aussi : ainsi, la qualité de la relation parent enfant et de l'attachement primaire de l'enfant mais aussi l'idée qu’il se fait de la violence, de ses causes, et ses stratégies d'adaptation. Toute intervention visant à la sécurisation de l’enfant et de sa mère, puis à la réparation des effets de la violence, peut donc favoriser, en prenant appui sur ces facteurs de protection et en leur donnant les modalités de soutien nécessaires, la résilience

Les conséquences en fonction de l’âge

bébés

2-4 ans

5-12 ans

12-18 ans

adultes

Perturbations

Des rythmes et

Habitudes

alimentaires

Déficience des

Habiletés

mentales

Tristesse  repli

Sur soi

Plaintes

somatiques

Mariages

précoces

Inattention

anxiété

Difficulté de

concentration

Faible estime de

soi

Faibles

Habilités

parentales

Retard pondéral

agressivité

agressivité

Comportements

violents

Reproduction

De la

violence

conjugale

Gémissements

Ou hyper-

adaptation

Destruction de

biens

Comportements

De séduction, de manipulation, d’opposition

Décrochage

scolaire

 

 

cauchemars

Symptômes de

SPT

Prostitution

 

 

La prise en charge

Dès son plus jeune âge, l’enfant exposé à la violence conjugale se retrouve donc agressé par une ou parfois même, ses deux figures parentales en lesquelles il ne peut plus croire, auprès desquelles il ne peut plus se reposer, s’identifier en tant que modèle de référence, qui ne le protègent plus. L’enfant se trouve donc seul, face au monde, il est ainsi fragilisé dans l’ensemble de son développement. Chaque enfant réagit différemment face à la violence, il est donc important de repérer et prendre en considération les effets néfastes qu’elle engendre de façon à pouvoir agir au plus vite et mettre en place des prises en charge adaptées.

 Les enfants sont particulièrement exposés à des troubles psychotraumatiques lors des violences conjugales du fait de leur vulnérabilité, de leur dépendance affective et physique, de leur immaturité psychique et physiologique, de leur impuissance, et de leur situation d'être en construction et en devenir. Comme les enfants témoins de violences conjugales vivent dans un climat de grande insécurité et de terreur, toute leur énergie passe dans la mise en place de stratégies de survie et de défense. Il est essentiel de les protéger, d'assurer leur sécurité et de leur donner des soins spécialisés. Il est essentiel aussi pour leur avenir de leur donner une meilleure image du monde adulte, en leur redonnant confiance en un monde d'égalité, de fraternité et de justice où la loi du plus fort ne règne plus.

On peut parfois détecter un enfant qui assiste à des violences conjugales mais c’est un problème délicat qui suppose prudence, écoute vigilante et patiente. L’enfant n’en parle pas spontanément mais plusieurs signaux peuvent nous alerter. Si un enfant très petit a un comportement violent, on peut s’interroger sur les raisons qui l’amènent à mettre en scène cette violence. Contrairement aux idées reçues, la violence n’est pas innée. Si l’enfant la met en scène, c’est qu’il en est la première victime ou qu’il essaye d’extérioriser un événement traumatisant dont il a été témoin. On peut également s’inquiéter devant un enfant très froid affectivement, très en retrait. La prise de risques à l’adolescence constitue parfois un signal. Un adolescent peut par exemple devenir toxicomane pour déplacer le symptôme sur lui et permettre ainsi à ses parents de cesser de se battre pour s’occuper de lui. On voit des jeunes filles qui se mettent en danger pour soulager leur mère, allant jusqu’à attirer inconsciemment sur elles la violence du père parfois jusqu’au passage à l’acte incestueux. On ne peut jamais séparer le comportement d’un enfant ou d’un adolescent de l’environnement familial.

Il faut rappeler qu’on n’est pas résilient seul, la résilience face à la multitude d’évènements traumatiques est un exploit. Ce sur quoi il faut miser, c’est le sentiment de compétence de l’enfant, le faible niveau de culpabilité, le niveau de stress bas et la bonne santé mentale et physique de la mère, les compétences parentales et l’accès éventuel à un réseau social de soutien

Pour aider l’enfant ou l’adolescent témoin de violences conjugales, il est nécessaire d’accompagner l’ensemble de la famille. Lorsque nous écoutons des enfants témoins de violences conjugales, il est important de ne pas diaboliser les parents, mais plutôt d’essayer de comprendre de quelle histoire familiale ils sont prisonniers. Cela ne signifie pas minimiser la gravité des faits car tout acte violent doit être puni. La punition dépend de la justice, le psychologue lui est au service de la souffrance de ses patients. C’est leur rendre service que de croire qu’ils sont plus que leurs actes violents, plus que des victimes ou des bourreaux.

Travailler avec l’enfant, c’est travailler à partir de soi, de ce qu’on est capable d’engager auprès de ces enfants. Il faut travailler à partir d’où l’enfant se trouve et chercher les différents degrés de différenciation et d’intégrations des émotions. Il faut mettre en mots pour remplacer la mise en actes et permettre l’abréaction d’un affect.

L’important n’est pas pour l’enfant de savoir comment les choses se sont réellement passées, ce qui les a autorisées, mais comment l’histoire de violences conjugales s’inscrit dans sa mémoire. Travailler sur comment l’histoire de souffrance et d’humiliation se transmet, comment elle traumatise et comment cette  histoire ressurgira. Il faut incarner une position d’adulte contenant, qui met des limites rassurantes, ce qui va permettre à l’enfant de sortir de la confusion, de l’arbitraire.

Le silence enveloppe beaucoup de situations liées aux violences conjugales. Ce silence est encore plus épais pour les enfants. Lorsque les enfants évoquent la vie à la maison, ils le font avec distance, la maison devient « là » et papa devient « il »

 

Il faut tenir compte du  degré de vulnérabilité de l’enfant

Ce degré est aussi à mettre en relation avec la manière dont il entre en jeu dans la violence qui oppose ses parents.

-     Sa place de témoin (entendre, voir, s’interposer)

-     Sa compréhension de la dynamique familiale

-     Dynamique violente (unidirectionnelle ou déplacement : monsieur frappe madame, monsieur frappe madame et les enfants, monsieur frappe madame qui frappe les enfants, les enfants répondent à la violence en étant violents)

-     Observe-t-il les conséquences de l’agression ,

-     Est-ce que les agressions ont un impact sur son environnement ? (contrôle humiliations, ruptures du lien ?)

 

 

 Ce qu’il faut retenir, c’est de :

-     Rester attentif au niveau de stress, de vigilance de l’enfant, à sa capacité à se concentrer à élaborer, à rêver, à entrer en relation, à faire confiance, à créer du lien.

-     Accompagner ses émotions le sortir de l’arbitraire du vide contenir les peurs.

-     Mesurer sa capacité à être en contact avec des émotions positives comme la joie.

-     Observer la capacité de l’enfant à être en relation avec chaque parent avoir accès au père et à la mère.

 

Avant tout l’enfant doit être cru.

Il faut avoir une attitude calme, rassurante et donc ne pas essayer de le toucher sans le lui dire, mettre la main au dessus de sa tête (une caresse peut être considérée comme un coup potentiel). Il faut le rassurer, l’aider à mettre des mots sur ses émotions, lui donner confiance en ses sensations souvent mises à mal.

Il ne faut pas être tenté de lui faire des « câlins » sauf si l’enfant le demande lui-même. Il faut écouter, regarder, entendre, voir. Il faut lui parler en face, avec des mots simples adaptés à son âge (on peut même s’accroupir pour être au niveau de l’enfant). Il ne faut surtout jamais juger, condamner l’acte du parent même si on se rend compte d’une éventuelle manipulation de l’un ou l’autre des parents. Il ne faut pas critiquer mais demander à l’enfant ce qu’il en pense lui, ce qu’il veut lui. Le gendarme ne juge pas il croit ! il faut être ferme et rassurant et se méfier de l’enfant trop calme qui peut être plus en détresse que les autres, avec une parentification complètement néfaste à son développement.

Un enfant témoin ne peut pas choisir entre ses 2 parents il est loyal aussi bien à l’un qu’à l’autre et surtout il les aime, il ne faut jamais l’oublier.

Et il faut surtout, surtout,  être très patient.



02/04/2013
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